La blessure médullaire est à l’origine de diverses déficiences importantes qui causent des troubles moteurs, troubles de la sensibilité, complications neuro-orthopédiques, troubles de la régulation thermique, etc. Ces multiples dysfonctionnements se traduisent par une perte de l’autonomie affectant les actes de la vie quotidienne. Au Canada, 13.7% de la population âgée de plus que 15 ans ont rapporté des incapacités liées à la mobilité qui mènent à des limitations dans les activités quotidiennes. Comme conséquence à ces difficultés, cette population a également une limitation à pouvoir participer à des activités sociales (activité professionnelle, loisir, etc.). Malheureusement la blessure médullaire ne touche pas uniquement les capacités motrices de la personne, mais entraine également une crise identitaire augmentant le risque de dépression et d’isolement. Pour une intégration socioprofessionnelle optimale, les personnes ayant subi une lésion de la moelle épinière doivent optimiser l’efficacité de leurs capacités motrices résiduelles pour acquérir un certain degré d’autonomie. L’activité physique et sportive régulière est considérée comme un moyen efficace favorisant le développement des capacités motrices d’une personne blessée médullaire, et par le fait même, permet d’améliorer son autonomie fonctionnelle. De plus, l’activité physique aide également à l’acceptation du handicap, à la restauration de l’image du corps et au maintien de l’estime de soi.
Une étude cas-témoin a été réalisée pour étudier les bénéfices d’une pratique physique et sportive régulière sur l’autonomie et la qualité de vie de la personne paraplégique. Dans cette étude, 25 sujets paraplégiques âgées de 18 et 43 ans ont participé aux évaluations, desquelles 10 pratiquaient une activité sportive régulièrement et 15 étaient sédentaires. Deux questionnaires ont été utilisés pour évaluer leur degré d’autonomie dans les actes de la vie quotidienne (MIF) et leur qualité de vie (MOS SF36). Le MIF comporte 13 items « moteurs » et cinq items « cognitifs » regroupés sous forme de rubriques : soins personnels, contrôle des sphincters, mobilité, locomotion, communication et conscience du monde extérieur. Ce questionnaire mesure spécifiquement les performances du sujet selon sept niveaux, cotés en fonction des possibilités du sujet à effectuer certains actes de la vie quotidienne indépendamment ou avec l’aide d’une tierce personne (le score 7 correspond à une indépendance totale). Le Medical Outcome Study Short Form 36 (MOS SF36) qui est un questionnaire de l’état de santé perçu. Cette échelle comporte 36 items répartis en huit dimensions : l’activité physique, les limitations dues à l’activité physique, la douleur, la santé perçue, la vitalité, l’activité sociale, la santé psychique, ainsi que les effets de la santé psychique sur les activités quotidiennes.
Selon les résultats du questionnaire MIF sur l’évaluation de l’autonomie présentée dans le tableau ci-dessous, plusieurs paramètres démontrent que les sportifs ont une meilleure autonomie. L’utilisation des toilettes, l’habillage du membre inférieur, les divers transferts et les déplacements sont significativement meilleurs chez le groupe des sportifs. Ceci apparait également dans le score global qui est significativement plus élevé chez les sportifs.
En ce qui concerne l’évaluation de la qualité de vie avec le questionnaire SF36, les sportifs se sont démarqués en notant un moins grand niveau de douleur perçue et un meilleur score physique global.
En conclusion, selon plusieurs études scientifiques, la pratique de l’activité physique chez les personnes paraplégiques a de grands bénéfices de sur l’amélioration des fonctions motrices. Dans l’article présenté dans ce texte, les auteurs ont démontré que la pratique sportive n’a pas uniquement un effet positif sur les capacités fonctionnelles, mais se traduit également sur l’autonomie et la qualité de vie des personnes paraplégiques, favorisant ainsi une meilleure réinsertion socioprofessionnelle.
GUY HAJJ BOUTROS
Étudiant au doctorat à l’université McGill au département de Médecine Expérimentale. Il a complété un bacc. et une maîtrise en Kinésiologie de l’UQAM. Il enseigne comme chargé de cours au dép. des Sciences des l’acitivité physique à Montréal. En apprendre davantage ici.
MARIE-ANNE LANDRY-DUVAL
Étudiante à la maitrise en science de l’activité à l’UQAM, durant son cheminement son intérêt envers la réadaptation et le sport adapté s’est rapidement développé. Elle s’implique aussi dans plusieurs projets de recherche dans le domaine de la physiologie de l’exercice. En apprendre davantage ici.
Références :
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